Courrier de Yves
Dernière mise à jour : 19 déc. 2021

Je suis ici, à Carcassonne, depuis neuf ans, dans un quartier majoritairement de retraités, où je suis l’un des plus jeunes. La première année, j’ai voulu observer… en fait je n’ai rien vu du tout. Autrefois, dans mon hameau breton, les rencontres se faisaient autour de l’eau : le puits au centre du village et le lavoir ; les nouvelles partaient de là. Ici les rencontres de voisinage se bornaient au passage du facteur et à celui du camion poubelle et ne duraient pas. Il a fallu s’intégrer, s’adapter, se faire connaître, recevoir, être reçu. J’ai pu ainsi avec deux autres couples, lancer des réunions de voisinage : manger et boire sont des motifs mobilisateurs et font marcher le commerce. Le cercle des voisins s’est agrandi et nous avons fait, il y a trois ans, la première « Fête des voisins ». Cela semble ridicule, mais ça ne l’est pas comme on le croit. Deux veuves de plus de 80 ans, habitant à 150m l’une de l’autre, ne s’étaient pas vues depuis plus de 15 ans !
Nous avons créé une petite association qui organise des marches, des visites de jardins, troc de plantes... Et surtout nous avons mobilisé les plus jeunes (j’en suis) au service des aînés. J’ai engagé des voisins au sein de l’organisme « Présence verte »* pour aider, soutenir, rendre visite aux plus âgés, les aider à vivre chez eux. J’ai essayé de créer une dynamique d’aide, de soutien, dans le quartier où j’habite. On leur rend visite ; on les accompagne aux courses, ou on fait les courses… Cela n’est rien, ou si peu de chose. Ces quelques lignes me semblent ridicules. Mais j’exècre les gens qui disent que le monde est égoïste, que « les gens ne sont pas gentils », que les autres sont ceci ou cela. Commençons, nous-mêmes, par être généreux, charitables, sans revêtir ou colorer notre action d’un quelconque vernis religieux ; sortons de chez nous et nous trouverons plus malheureux que nous ; aidons « les autres ». « Il faut vivre protégé par l’amitié des voisins. » Cette phrase est celle que je mets en tête du courrier de cette association. Car au bout du chemin, on trouve toujours l’exclusion. On pourrait disserter sur cette exclusion ; agissons, ne soyons pas victimes de la dictature intellectuelle, ou pire, spirituelle. Voilà les petites choses que je fais dans mon petit coin. Tout le monde, chacun de nous, peut faire un geste. Alors faisons-le !
Yves
PS. : J’ai pris bien soin, en créant cette petite association, de préciser dans ses buts que toute discussion politique et religieuse est interdite.